Cohorte Régionale Luc Nkulula : Dix jours d’apprentissage, de mémoire et de mobilisation panafricaine

Du 26 juillet au 3 août 2024, la Résidence Karibu a accueilli la toute première Cohorte Régionale Luc Nkulula dans le cadre du programme Mobilité Citoyenne et Apprentissage, initié par le mouvement Y’en A Marre.

Cette cohorte pionnière, composée de neuf jeunes militants africains, a vécu une expérience intense de formation, d’immersion, de rencontres et de partage, visant à renforcer leur engagement citoyen tout en créant des ponts de solidarité au-delà des frontières nationales.

Une formation enracinée dans la réalité militante

Le programme a proposé une approche pédagogique originale, mêlant apports théoriques, témoignages de terrain, visites historiques, ateliers pratiques et échanges culturels. L’objectif : outiller les militants pour qu’ils puissent affronter les défis politiques, sociaux et sécuritaires de leurs contextes respectifs, tout en s’inspirant de l’histoire et des luttes du continent.

Au fil des sessions, les participants ont été confrontés à des thématiques fondamentales :

• L’intégration africaine, non pas seulement comme concept institutionnel, mais comme horizon concret de lutte, porté par les peuples et fondé sur une histoire et une culture partagées.
• La jeunesse et l’emploi, à travers la découverte d’initiatives locales portées par et pour les jeunes, qui œuvrent pour l’autonomisation et l’innovation sociale.
• La mémoire historique, avec des immersions sur des sites symboliques tels que l’île de Gorée ou le mémorial des Tirailleurs africains, pour interroger les héritages douloureux et inspirer la construction d’un futur libéré de l’oubli.
• La migration, abordée dans sa complexité à travers une immersion à Hahatay Son Risas de Gandiol, où l’expérience de l’exil devient un levier de retour, de réinvention et de construction locale durable.
• La sécurité numérique et juridique, indispensable aujourd’hui pour tout militant exposé à la surveillance ou à la répression. Grâce à des intervenants comme Me Moussa Sarr et Cheikh Fall, les participants ont acquis des réflexes concrets pour se protéger, collectivement et individuellement.

Des intervenants de référence et des échanges denses

Tout au long du programme, les participants ont bénéficié des interventions de personnalités engagées, connues pour leur action sur le terrain ou dans le monde intellectuel :

• Boubacar Boris Diop, écrivain et penseur panafricain, a offert un moment fort autour de la pensée de Cheikh Anta Diop, en rappelant que l’intégration ne peut être effective sans culture, sans histoire, sans identité assumée.
• Mabela Jedidia, du mouvement La Lucha, a partagé l’expérience douloureuse mais inspirante de la lutte citoyenne en République Démocratique du Congo, à travers l’exemple de Luc Nkulula.
• Cheikh Fall, président du réseau Africtivistes, a initié les participants aux bonnes pratiques en cybersécurité, essentielles pour tout activiste aujourd’hui.

Karibu : un espace de résistance, de soin et de réinvention

Au-delà des apprentissages, cette cohorte marque le début d’une nouvelle étape pour le projet Karibu. Conçue comme un espace refuge et politique, Karibu entend offrir aux militants africains en exil plus qu’un toit : un lieu de respiration, de réflexion, de transmission et de reconstruction.

La réussite de cette première cohorte valide la pertinence de ce programme et renforce l’ambition de construire à terme une Maison Karibu permanente, pensée comme un outil stratégique au service des luttes citoyennes sur le continent.

Un hommage vivant à Luc Nkulula

Donner le nom de Luc Nkulula à cette cohorte, c’est ancrer l’action de Karibu dans la mémoire des résistances africaines contemporaines. Mort brûlé dans sa maison à Goma en 2018, Luc symbolise cette jeunesse qui se lève, lutte, et parfois tombe, mais ne se tait jamais.

À travers cette cohorte, c’est toute une génération qui s’engage à porter haut l’héritage de Luc et de tant d’autres oubliés, tout en inventant de nouvelles formes d’engagement, à la fois locales, panafricaines et solidaires.

Une clôture haute en couleur

La cohorte s’est achevée dans une ambiance festive et fraternelle, lors d’une soirée culturelle mettant en valeur la diversité des peuples africains.
Au rythme du Ndaw Rabine des Lébous, du Nguel des Sérères, du Wango des Peulhs ou encore du Jambadon des Diolas, les participants ont célébré leur passage à Karibu, les liens tissés et l’engagement renouvelé.

Prochaines étapes

Le programme Mobilité Citoyenne et Apprentissage se poursuivra dans les mois à venir avec de nouvelles cohortes, de nouvelles rencontres et de nouvelles immersions.
Karibu continue de grandir comme un projet collectif, un lieu d’hospitalité politique et un instrument d’avenir pour les luttes citoyennes africaines.

Merci à toutes les personnes, institutions et communautés qui ont rendu cette cohorte possible.
Karibu, c’est plus qu’une maison. C’est une vision. C’est un engagement. C’est une Afrique qui prend soin de ses combattants.